Roland Cornthwaite

My career

Author Biography

Born in Haute-Savoie (France), I have been living in Nantes since 1980. I use to write for a long time. Usually, only my friends know about my works, but I recently decided to show it to a larger public.
I lived my youth in a very natural environment (mountains, woods, etc.) so I soon have been interested in this environment, which inspires me for writing.

You can read me in

A text extract from “Carnet de Loire”, on the website “Terre à ciel“.

Two other short texts will be released soon in “les dossiers d’Aquitaine” magazine of summer 2011.

Poems and texts in prose are in the collection “Voix de Plumes” published: Voyages d’Ecriture, Ecritures en voyages.

Pointe de l’île Beaulieu, CRAPA

I

Ici la Loire se sépare, dans une dernière hésitation, entre le bras de Pirmil et le bras de la Madeleine.

Une digue pierreuse marque la pointe de l’île. Un saule fait figure de proue. Il lutte, gardien des terres, obstiné.
Ses branches, toutes maîtresses, forment un éventail. Nulle verticalité. On imagine, comme en miroir, un réseau de racines qui répond à cet ordre. Dans les entrelacs des rameaux, sous le vert aiguisé des feuilles, quelques boules de gui forment un amas vert jaune et ocre. De quel Dieu la masse végétale structure-t-elle la chevelure ? Méduse ou Neptune, qu’Eole lisse et coiffe jour après jour. Quelques branches mortes dépassent, peigne chinois ou africain retenant une mèche indocile.
On sent une nécessité sourde dans sa lutte. Tenir, dans le courant, tenir, face aux vents, tenir. Il relie l’eau et l’air, ancré sous les pierres, maintenant submergées par la ligne haute de la marée.
A la berge, branches ou racines, un tronc hésite, soudant ces élans noueux. L’écorce tresse des cordes rugueuses, profondément creusées, crevassées.
Un arbre abattu livre sa souche à l’air dans un enchevêtrement de bois cisaillé. Reste cette violence. Les radicelles tendent des sinuosités en errance, étrangères à la linéarité de la branche. Elle va à l’air avec économie quand la racine se cherche un chemin vers la nuit.
La scrofulaire ailée, petites sphères vertes et visières bilobées brun sombre, scrute la clairière de sable. L’iris des marais, jaune vif, se cache dans les marbrures du sous-bois.
Dans le bruissement des peupliers, les oiseaux se moquent de la rigidité de nos chemins et créent leur géographie. Leurs chants habitent les hauteurs. Un geai, occupé de son repas, guette la présence des promeneurs. Dans cette partie du parc, nous reconnait-il le droit d’empiéter sur son territoire ?
Roland

II

Dans la zone paysagée du parc, les pelouses invitent.
Des familles aux barbecues, fumerolles grasses, les hommes dévolus à la maîtrise de la grillade autour du feu vif. Assemblées de rires, interjections. Les codes s’assouplissent. Par la croisée d’un regard, le mot se livre : « bonjour », « bonsoir »… Les chiens défilent, avec ou sans laisse, engageant le degré d’obéissance ou de dangerosité de l’animal. Le maître vous rassure « Il n’est pas méchant. », mais le doute perdure face aux babines retroussées et à la tension de la laisse très court tenue.
Les pneus des vélos crissent sur le sable. L’ombre des arbres mange peu à peu l’or de la pelouse au soleil couchant. Un enfant, sur son vélo bleu et rose, va et vient sur le chemin. Il s’accompagne d’un ensemble de bruits, murmures et bredouillages qui, parfois, se transforment en un chant retentissant, mêlé d’anglais. Je distingue entre les balbutiements « yes, puis « baby » et enfin « yes, we can ! ». Les élections américaines ont laissé des traces, loin du sens !
Le parc bruisse de voix éparses, de cris d’enfants à l’aire de jeux. Rythme régulier des pas d’un marcheur, ronronnement continu d’un avion, frémissement des peupliers, conversation qui s’approchent et s’éloignent dans l’allant des pas synchrones. Sociétés mêlées, origines, couleurs de peau, langues.
Comme un Champ Elyséen, le parc.

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